Historique
La Société d’Agriculture, Sciences et Arts de Douai a été fondée en cette ville en 1799. Le Directoire voulait rénover et développer l’agriculture après les troubles révolutionnaires, sous l’influence des Physiocrates, persuadés qu’elle constituait la vraie richesse d’une nation. Douai, alors chef-lieu du département, fut choisie comme siège de cette société dont les premiers membres furent nommés.
Très vite, en 1805, cette institution fusionna avec la Société des Amateurs de Sciences et Arts de la ville de Douai, association culturelle locale, et prit son titre actuel. Dès le début la Société se distingue par les recherches de ses membres pour fabriquer du sucre à partir des betteraves, dans le contexte du « blocus continental ».
La Société s’installe dans l’ancien couvent des Capucins, rue d’Arras, au milieu d’un vaste parc, le Jardin des Plantes, où elle pratique des recherches agricoles et horticoles, tout en accueillant les Douaisiens dans ce premier jardin public. A cette époque la Société regroupe des propriétaires terriens, des agriculteurs éclairés, mais surtout des notables de Douai, particulièrement des gens de justice. Si la vocation agricole demeure, l’intérêt se déplace progressivement vers la littérature, les arts, l’histoire locale. Ainsi la Société organise des concours de poésie où poètes et versificateurs s’affrontent pour une médaille, jusqu’à la fin du siècle. La Société intervient aussi dans la vie de la cité : pressions pour l’ouverture d’un Lycée en 1802, participation à l’érection de la première statue de Marceline Desbordes-Valmore en 1896, et à l’achat de quelques-uns de ses manuscrits. Le contexte politique change : la société prudente sait garder son indépendance.
Lors de la Première guerre mondiale, les locaux de la rue d’Arras subissent bombardements et pillages. La paix revenue, la Société organise en 1921 son dernier Concours Agricole sur la place du Barlet. Mais en 1925, elle cesse d’être subventionnée pour cette activité : une page est tournée. Sciences et arts au sens large règnent désormais dans les travaux de la Société qui évolue. Son recrutement, toujours par cooptation et élection, s’ouvre à d’autres milieux : fonctionnaires, entrepreneurs, enseignants… mais toujours au masculin.
Nouvelle guerre. Les locaux sont inutilisables, l’activité de la Société suspendue. Mais en 1951 la SASA s’installe au second étage du Dauphin place d’Armes. Les séances mensuelles se déroulent au milieu des livres de bibliothèque et de quelques bustes, dans un cadre qui peut faire songer aux salons littéraires du XVIIIe siècle. Cette période voit un élargissement du recrutement : le nombre des membres est fixé à 120 et la première femme est élue en 1957. Entre autres actions la SASA participe au Tricentenaire du rattachement de Douai à la France en 1967, et au lancement de la Société d’Archéologie en 1979, année où la Société célèbre fièrement son deuxième centenaire. Mais le charme du Siècle des Lumières a quelques inconvénients pour les livres et les membres de la Société. Celle-ci est donc accueillie en 2000 dans le nouveau bâtiment des Archives Communales, dans des lieux plus sûrs et commodes pour les travaux et les échanges.
Depuis 2018 la Société est installée dans les locaux de la bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore, poétesse qui fut en son temps membre correspondante de la Société. Actuellement est entrepris un grand travail de classement des ouvrages et des archives pour les rendre plus accessibles aux chercheurs comme aux membres.
Héritière d’un riche passé à transmettre, la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de Douai participe avec d’autres à la vie intellectuelle et culturelle de la ville de Douai, dans un esprit d’ouverture, toujours curieuse des choses et des personnes du présent.